Peut-on tirer les leçons de l’année 2009 pour dresser quelques perspectives 2010 en matière de BPM ?
Voici l’exercice du jour, une analyse personnelle du marché qui n’engage que moi et qui est pour partie basée sur mon appréciation du marché du BPM actuel et pour partie sur la lecture de différents articles tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Je vous invite à venir partager votre propre vision et à commenter.
La consolidation est en route
Les récentes acquisitions sur le marché du BPM – IBM avec Lombardi, Progress avec Savvion – démontrent bien que les grand éditeurs se sont mis en ordre de marche pour renforcer leurs offres BPM et jouent donc la carte de la consolidation. Certains de ces éditeurs ne sont pas encore clairement positionnés – Microsoft et SAP par exemple – et il y a fort à parier que ce marché sera un axe de réflexion fort pour eux en 2010. Est-ce que pour autant les éditeurs indépendants (« pure BPM players ») qui ont encore leur mot à dire – Pega par exemple – risquent de voir ces géants les approcher ? Probable, mais pas acquis pour autant, l’approche BPM est très structurante, le cycle de vente peut être long et le sujet est très complexe pour être abordé à la légère, il est donc probable que certains prennent encore un peu de temps pour jouer les observateurs et attendent 2011.
En matière de consolidation, on peut raisonnablement envisager tout de même de voir 3 types d’éditeurs se rapprocher du marché du BPM :
- les spécialistes de l’ECM qui ne disposent pas d’une offre suffisante encore
- les spécialistes des progiciels métiers (LOB) qui doivent renforcer leur offre en la matière
- les spécialistes du middleware qui doivent aller vers le Top Down et offrir des fonctionnalités utilisateurs dont ils ne disposent pas à ce jour
Convergence Middleware – Human Centric BPM
Les dernières acquisitions le démontrent clairement, on observe une forte convergence entre BPM de type middleware et BPM de type Human (Content)-Centric. Cela découle en effet d’une certaine logique commerciale que d’être capable de proposer une offre complète et de rester ainsi l’unique interlocuteur vis à vis de l’entreprise concernée. D’autre part c’est un facteur de minimisation du risque, tant pour l’éditeur que pour son client, et donc une demande forte des entreprises.
Pour autant, convergence ne signifie pas nécessairement « fusion », fusionner middleware, ESB et infrastructure avec les outils de BPM orientés utilisateurs ou contenus n’apporterait pas la souplesse à laquelle on pourrait penser, mais plutôt souvent un degré de complexité plus élevé. Les besoins des entreprises sont encore souvent clairement identifiés et cadrés pour ne pas nécessiter le déploiement long et coûteux d’une solution d’infrastructure complète, mieux vaut faire efficace et pertinent. Par contre il est important sinon fondamental de s’assurer de l’évolutivité des outils déployés et là l’intégration human centric / middleware prend tout son sens.
Autre constat qui devrait se renforcer en 2010, on voit de plus en plus les outils de BPM Human Centric devenir des solutions de Gestion de Dossiers, les outils collaboratifs et autres suites ECM prenant en cahrge la circulation des documents. L’évolution en matière de BPM Human Centric devrait logiquement se faire vers la gestion de dossiers dynamique – « Dynamic Case Management » pour reprendre le terme de Forrester.
Apport des outils de prédiction, BI et BAM
Ceux qui ont déployé des applications de BPM le savent : modéliser et mettre en œuvre c’est bien, mesurer et prévoir c’est mieux. L’apport des outils de Predictive Analysis, de BI, de BAM est indéniable en matière de BPM, non pas tant parce que l’on ne savait pas mesurer les métriques voulues auparavant mais parce que les besoins ont évolué. Il faut aujourd’hui pouvoir analyser les données, modifier les caractéristiques d’extraction en temps réel, la fréquence, la diffusion des données analytiques, faire de la prédiction, de la planification, tout ce qui n’est pas le cœur métier d’une solution BPM et qui est désormais proposé par les modules complémentaires chez les principaux éditeurs. Tibco possédait une légère avance en la matière, ce n’est plus le cas aujourd’hui, la plupart des éditeurs disposant d’une offre conséquente en la matière.
Aller au-delà de la simple exécution c’est aussi étendre le spectre applicatif du BPM et reconnaître sa valeur pour l’entreprise. Le BPM a acquis ses lettres de noblesse, sa valeur ajoutée est indéniable et 2010 devrait voir arriver une couverture fonctionnelle plus riche en matière de BI et BAM principalement, d’analyse des événements et informations et de prédiction au sens large.
Importance croissante de l’accompagnement
Ce tour d’horizon ne serait pas complet si l’on ne s’intéressait pas à ce qui est une des composantes majeures d’un projet BPM, l’accompagnement. En effet repenser l’exécution des processus, s’intéresser à l’organisation, aux applicatifs, au SI demande une expérience que tout le monde n’a pas, une maîtrise des technologies et méthodes indispensable au bon déroulement des projets et à leur adoption.
Cette expertise produit/projet/méthodes est traditionnellement apportée par l’intégrateur qui vient renforcer les équipes internes, ou encore par les centres de compétences internes et là-aussi on peut penser que 2010 va voir le renforcement et la montée en puissance des intervenants possédant cette triple compétence. Les entités services des éditeurs devraient cette année pouvoir montrer qu’elles ont un vrai rôle à jouer, elles sont les seules à posséder la véritable maîtrise des outils logiciels en complément de l’expertise qu’elles peuvent déjà avoir en matière d’implémentation et de gestion de projet. La plupart des entreprises souhaitant également de plus en plus n’avoir à faire qu’à un seul intervenant responsable de la globalité du projet, tout cela est cohérent.
En conclusion
Il faudrait être devin pour savoir à l’avance ce que 2010 nous réserve en matière de BPM et je ne le suis pas (!). On peut tout de même penser que les mouvements constatés en 2009 vont se préciser, que la consolidation en cours va se poursuivre et que la convergence des offres va se renforcer. Pour le reste, donnons-nous rendez-vous dans un an pour un nouveau bilan ?