Je vous passe le lien vers l’article du Journal du Net qui présente le sujet de la GED dans l’administration française.
Je reste circonspect quant à la conclusion qui est faite de dire que l’administration s’oriente vers les solutions Open Source pour des raisons de coût financier. C’est une des raisons très certainement mais je ne pense pas que cela soit la principale comme on veut bien le penser. Pour moi l’intérêt des logiciels libres est aussi de proposer à une administration quelques garanties que ne veulent pas fournir les éditeurs de logiciels propriétaires. Par exemple la mise à disposition des sources ou encore l’appropriation par le client du savoir-faire de l’éditeur lui permettant de se garantir des risques liés à l’acquisition d’un logiciel auprès d’un éditeur dont l’existence n’est pas garantie dans le temps (pour certains bien sûr).
Plus que le coût, l’intérêt du logiciel libre est de respecter les quatre libertés qui en constituent la défintion même, à savoir la liberté d’utiliser, d’étudier le fonctionnement, de modifier et de redistribuer. Il est bien évident qu’un éditeur ne souhaite pas respecter ces libertés sous peine de remettre en question son modèle économique. Ceci dit, cet éditeur propose généralement d’autres garanties que ne savent (encore) proposer les logiciels libres : spécificités fonctionnelles non couvertes par le libre à ce jour, support et assistance, puissance de l’éditeur en terme de développement (selon les éditeurs), nombre de partenaires formés et qualifiés. D’autre part, il faut aussi bien comprendre la différence entre logiciel libre et logiciel gratuit, un bon exemple étant celui d’Alfresco qui est Open Source sans être entièrement gratuit pour autant.
Bref, un vrai sujet qui s’annonce et qui accessoirement m’intéresse alors si vous avez un avis, ne vous privez pas pour réagir 😉
Très heureux de pouvoir engager la discussion sur ce sujet. Merci donc ? vous !
En ce qui concerne les sources, la question est pertinente. C’est assez variable, mais je dirais que dans l’absolu l’appropriation complète n’est pas forcément décisive.
En fait ça peut être une garantie d’indépendance vis ? vis de l’éditeur ou d’un intégrateur si besoin, mais c’est surtout un excellent indicateur de la qualité de la solution. Ce n’est en effet pas neutre d’exposer ? tout le monde la recette d’un produit et l’intégralité des spécifications … et limitations !
Ca implique donc une qualité de code accrue pour en faire une vraie carte de visite. Et si on a peu de gens qui décident de compiler leur propre version du logiciel (le spécifique, ça n’arrange personne), on passe souvent par un véritable audit du code pour valider l’architecture et la qualité du produit.
C’est d’autant plus vrai quand on utilise des outils, langages de développement et standards qui sont des références du marché, et sur lesquels de nombreuses personnes sont ? l’aise.
Ce qui est décisif par contre, c’est l’agilité qui est offerte par les logiciels opensource. La plupart des outils sont en effet très modulaires, et il est facile d’en étendre les fonctionnalités en utilisant les systèmes d’extension fournis, les nombreuses API, et la documentation de développement souvent abondante.
Enfin un point intéressant et souvent moins connu est que certains clients comprennent qu’il y a un vrai intérêt ? la contribution de fonctionnalités suite ? un développement spécifique.
En effet dans le cas d’un développement « d’utilité publique » le code peut alors devenir partie du produit officiel, il est donc de fait maintenu ensuite par l’éditeur (qui y gagne aussi un temps précieux), et on entre donc dans une relation gagnant-gagnant.
On arrive assez vite ? un vrai cercle vertueux qui fait que chaque projet permet d’ouvrir la gamme des fonctionnalités de la version suivante.
Le dernier usage (mais j’en oublie, même si je suis bavard), c’est qu’on arrive parfois ? la décision d’utiliser le coeur d’un logiciel libre comme un framework pour des projets tiers. Après tout nous intégrons de nombreux projets libres, et rien n’empêche (dans le cadre du respect de la licence) de faire de même avec nos travaux. Dans notre cas de nombreux projets utilisent le coeur de la solution pour ? leur tour gagner du temps (un entrepôt de données clé en main c’est bien pratique).
On le voit, les implications d’un code ouvert sont nombreuses …
Merci pour le bout de tribune !
(Et le bonjour est passé ? Denis 😉 )
Merci pour cette réaction, d’autant plus que vous servez une société qui a su s’imposer sur le marché, le commentaire n’en est que plus pertinent.
Je vous retourne une question, les clients insistent-ils beaucoup sur le fait de pouvoir s’approprier les sources, ou est-ce un argument qui a finalement peu d’importance par rapport aux autres ?
Et j’en profite pour passer un Bonjour ? Denis 😉
D’accord, je réagis avec pas mal de retard, mais j’avais un peu zappé ce contenu pour ne tomber dessus qu’aujourd’hui 🙂
Il est clair, et vous avez parfaitement raison de le préciser, que le seul facteur financier ne saurait être l’unique critère de choix d’une solution (ECM ou autre). En 10 ans autour du libre, je n’ai toujours placé cet argument qu’en dernière position (de toute façon le client se moque bien que ce soit moins cher si ça ne satisfait pas son besoin).
Et comme précisé, libre ne signifie pas gratuit (on trainera encore longtemps cette mauvaise traduction de « free software » ;). Dans tout les cas, et quelque soit le produit, il y a de toute façon des couts d’intégration, de reprise de l’existant, de paramétrage, etc …
Un critère souvent sous évalué est la capacité de ces logiciels ? utiliser uniquement des standards ouverts. Formats de stockage, formats d’échange, et capacité ? s’ouvrir vers les applications tierces sont souvent décisives.
De plus rien n’empêche avec le logiciel libre d’investir ? minima pour tester un produit, éventuellement le mettre en production pour des besoins limités, et sans dépendre de personne. Et le mode de diffusion fait que personne n’hésite beaucoup avant de faire cette démarche.
De plus le modèle retenu par les éditeurs de logiciels libres est clairement d’apporter les mêmes garanties que l’éditeur propriétaire : support et assistance avec engagements forts, développements complémentaires, ou même participation ? la définition de la feuille de route (l? c’est déj? plus spécifique au libre).
Bien sûr, le nombre de partenaires et de référence sera toujours moindre que celui d’un éditeur « classique », mais ? partir d’une certaine masse critique, ce n’est plus un réel handicap, et aujourd’hui de très grand comptes choisissent le libre pour leurs besoins ECM.
D’autant que la concentration actuelle des éditeurs de ce marché ne rassure pas forcément les utilisateurs de solutions propriétaires.
En tout cas, le sujet est clairement passionnant, je vous rejoins complètement !