Le Forum Intégration et Gouvernance de l’Information se tenait hier jeudi 5 mai à l’IBM Forum de Bois-Colombes . Répondant à l’invitation de l’équipe organisatrice, j’ai eu le plaisir de participer à cette journée et d’animer les principaux réseaux sociaux en direct afin de retranscrire les temps forts. Voici un résumé rapide et quelques retours personnels sur ce forum.
La gouvernance des données, un enjeu crucial pour l’entreprise
La plénière matinale a permis à tous les participants de bien comprendre les enjeux en matière de gouvernance des données et de l’information. Voici quelques messages clés qui vous donneront une bonne vision de la criticité actuelle en matière de gestion des données.
« L’utilisateur n’est pas adulte face à l’information, il y a un fort besoin de transformation et de changement de culture » : l’entreprise ne peut laisser le soin aux seuls utilisateurs d’assurer la gestion des données. Elle doit offrir un cadre qui favorise la prise de conscience, les outils qui facilitent le quotidien et l’assistance nécessaire à la gestion du changement. Comme le précise Jean-Pascal Perrein, « la gouvernance de l’information est un cercle vertueux et complexe« . Mais néanmoins nécessaire !
De la présentation d’Arvind Krishna, General Manager de l’entité Information Management chez IBM et venu des Etats-Unis pour l’occasion, nous retiendrons ces quelques chiffres :
« 44% as much data and content over coming decade » : l’explosion des volumes d’informations et de données à gérer perdure. Les dix années à venir verront une nouvelle croissance forte des volumes et des contraintes supplémentaires en matière de gestion des données. De nouvelles formes de données voient le jour avec l’arrivée des réseaux sociaux d’entreprise, il convient de les prendre en compte également.
« 2020: 35 zettabytes of information to manage » : sachant que le Zettabyte vaut 1 milliard de Tb, je vous laisse faire le calcul …
Arvind Krishna a cité le cas de l’entreprise Bharti qui analyse 100.000 enregistrements par seconde pour gérer les problématiques de satisfaction client. Inutile de préciser qu’un tel volume demande une gouvernance de l’information, de la prise en compte jusqu’au traitement, sans précédent avec ce que nous connaissions ces dernières années.
Une phrase à retenir également « Information is a vital resource to today’s business but do you treat it as a vital resource ?« . Tout est dit, trop d’entreprises ne considèrent pas encore suffisamment la gestion des données comme une activité critique. Les cas récents de fuites d’informations (par ex. Sony) montrent à quel point la survie de l’entreprise est en jeu.
Lors des tables rondes animées par François Jeanne, nous avons pu aborder différents sujets liés à la gouvernance de l’information : gouvernance et cycle de vie, gouvernance et sécurisation. J’ai retenu la statistique suivante qui a interpellé pas mal de lecteurs sur le web lorsque je l’ai publiée : « 30% des dirigeants disent prendre des décisions sur la base d’informations erronées« . Je vous laisse réfléchir à ce qu’il en est chez vous (source : IBM CEO Study).
Delphine Clément de l’association ExQi a positionné le débat sur la qualité des données : « En matière de qualité des données, les deux approches préventives et correctives sont nécessaires« . Xavier de Broca, DSI d’Oseo, a quant à lui bien résumé la situation « la politique d’archivage doit être globale à l’entreprise« . Et je suis d’accord avec Jean-Marc Rietsch de la FedISA qui dit « l’archivage sert à apporter un éclairage aux données, ce n’est pas que coins sombres et poussière« .
Un autre chiffre cité par mon collègue Samir Naji en dit long sur la quantité de données échangées dans les entreprises et l’utilisation qui en est faite « 70% du volume de données stockées n’est jamais utilisé« . D’où le débat sur l’inutilité de tout stocker « just in case » et de l’ajustement nécessaire : du volume à la pertinence.
Autre phrase choc de Bernard Foray de l’AFDCP : « La (non)sécurisation de l’information se mesure en douleur« . Et citation à nouveau du récent cas Sony comme exemple de conséquence plus que douloureuse pour l’entreprise. Où l’on voit bien que la gestion des données n’est pas qu’une affaire de gros sous mais peut aussi impacter la pérennité même de l’entreprise.
Sophie Tacchi d’IBM nous dit elle « Aujourd’hui la plus grande menace en matière de données, c’est l’ignorance« . Rien de plus grave en effet que de ne pas savoir ce que l’on a à prendre en compte et à gérer.
Des ateliers de l’après-midi, difficile de tout citer dans la mesure où les sujets étaient nombreux, mais si vous vous intéressez un tant soi peu à la gouvernance des données et aux réseaux sociaux, retenez ce que nous dit Pierre Milcent « 89% des gens publient des infos privées sur internet, 73% ne le réalisent pas« . Claude Super nous dit lui « 9 infos sur 10 postées sur les réseaux sociaux ne seront jamais lues« . Autant dire qu’il y a du travail pour tout contrôler !
Savoir gérer toute type d’information pour survivre
En milieu de matinée, temps fort de cette séance plénière, nous avons pu faire connaissance avec l’invité surprise tant annoncé. En fait d’invité, il s’agissait plutôt d’une invitée, Catharina Gasser, dompteuse de fauves ! Quel rapport avec la gouvernance des données ? Voici quelques pistes.
Catharina Gasser – Photo : Collection Klaus Zeeb – source BurgusCircus
Catharina Gasser est entrée dans la cage alors qu’elle était toute petite, son père était dompteur, et elle fréquente les fauves au quotidien. Le moins que l’on puisse dire est que rien ne lui semble impossible : Catharina a réussi à dresser des porcs-epics, je vous laisse imaginer la difficulté de l’exercice.
Pour Catharina, au quotidien, la gestion des données est une activité vitale au sens propre du terme : « il faut d’abord observer pour savoir ce que l’on a devant soi. On a peur de ce que l’on ne connait pas. Il faut donc apprendre à connaitre pour savoir ce qui se passe et prendre des décisions. Et les bonnes. » On comprend combien la gestion des informations est quelque chose de critique quand on sait Catharina dans la cage. Comme elle le racontait lors de la séance de préparation, un enfant qui crie, un flash qui se déclenche de façon impromptue sont autant d’événements propres à effrayer un tigre, et un tigre en panique c’est un dompteur en grand danger. D’où l’importance de capter les signaux, de les interpréter et de les prendre en compte le plus rapidement possible. Je vous laisse faire le parallèle avec votre activité.
Je retiens une phrase de cette présentation, que tout un chacun peut s’appliquer à lui-même et à son environnement professionnel : « il y a danger quand je n’ai pas fait assez attention à mon environnement de travail avec les fauves ». Remplacer « fauves » par le terme le plus adéquat pour votre activité et prenez le temps de réfléchir à la question.
Après le structuré et le non-structuré, les bavardages !
La gouvernance de l’Information consiste entre autres choses à capturer, gérer et archiver toutes types d’informations structurées (par exemple les bases de données) comme non-structurées (par exemple les documents numérisés). Avec l’arrivée des réseaux sociaux d’entreprises – RSE – il nous faut prendre en compte des données d’un type nouveau, et je reprendrai l’expression très pertinente de Claude Super qui nomme cela « les bavardages ». Car c’est bien de cela dont il s’agit : les échanges sur les réseaux sociaux sont à mi-chemin entre le structuré – les échanges sont la plupart du temps des flux formatés – et le non structuré puisque nous échangeons couramment par messagerie instantanée des documents bureautiques.
La nature même de ces échanges crée de nouvelles contraintes. Ce qui est transmis à un instant t doit être replacé dans un contexte plus global. Toute l’information ainsi échangée ne peut être stockée automatiquement sans tenir compte du respect de la sphère privée, et il faudra donc accorder un soin particulier à la gouvernance de ce type d’informations.
Le forum, des rencontres fort sympathiques
Un forum est avant tout un lieu d’échange entre participants, et en ce qui me concerne j’ai eu le plaisir de rencontrer physiquement plusieurs de mes contacts sur Twitter, intervenants lors des sessions du jour, ou simples participants.
Nous avons ainsi passé de très bons moments avec Jean-Pascal Perrein, consultant en partage de l’information (@JPPerrein) qui a eu la lourde charge de lancer la séance plénière le matin. « Bavardages » matin et soir avec Claude Super, expert en Gouvernance de l’Information (@ClaudeSuper) dont les présentations sont des très bons moments de partage. Rencontre également avec Jean-Michel Franco (@jmichel_franco), de Business et Decision qui nous a gratifié d’un sujet sur les modèles organisationnels et Olivier Rafal (@olivierrafal). Je n’oublie pas Pierre Milcent (@milcent) que je cotoie régulièrement.
Que ceux que j’oublie me pardonnent, laissez un commentaire pour râler !
Pour en savoir plus …
La journée a été filmée et les sessions de l’après-midi enregistrées, vous aurez l’occasion de découvrir tout cela en ligne prochainement. En attendant, voici quelques liens pour en savoir plus sur la Gouvernance de l’Information et les intervenants du jour :
- le site IBM InfoGouv et le programme de la journée
- le blog de Jean-Pascal Perrein, 3org
- le blog de Claude Super, InfGov
- le site de Business et Decision
- le site de la FedISA
- le site d’ExQi
- le flux Twitter de la journée
Laissez un commentaire ci-dessous pour rajouter vos infos si j’en ai oublié (probablement) ou vous faire connaître si vous avez participé au forum et que nous n’avons pas eu l’occasion de nous croiser.